L’« ancien » et les « nouveaux » : regards croisés
Dans un dialogue enrichissant, Daniel Thérasse, Directeur adjoint d’UNESSA et ancien Directeur général de l’ACFI-FIAS et de la FISSAAJ (qui ont rejoint UNESSA en janvier 2020), s’est prêté au jeu des questions-réponses avec plusieurs collègues nouvellement engagés. Extraits choisis…
Catherine Dechèvre, licenciée en Droit, Responsable du secteur Personnes âgées depuis novembre 2021. Précédemment, Directrice de la Direction des aînés de l’AViQ. Ses compétences et son expérience acquise au sein de l’administration wallonne constituent une plus-value importante pour le secteur Personnes âgées de la fédération.
C. D. – Daniel, as-tu constaté une évolution dans la concertation sociale, au niveau des partenaires et dans les rapports (de force) entre les uns et les autres ? Et selon toi, comment la vois-tu évoluer dans les années à venir ?
D. T. – Je ne peux parler de la concertation, de la collaboration entre syndicats et employeurs, qu’à partir du prisme de mon expérience personnelle. Quand j’ai commencé, en 75-76, les syndicats n’étaient pratiquement pas présents dans le secteur socio-culturel. Cela ne veut pas dire qu’on ne les connaissait pas. L’enjeu du monde socio-culturel à l’époque, c’était une volonté de construire les choses différemment. Pouvoirs organisateurs et travailleurs faisaient partie du même bateau, il y avait une visée de complémentarité, une certaine vision du secteur avec des objectifs sociaux. Nous voulions essayer de trouver une autre façon de faire que celle du privé commercial. Cette dérive est toujours un risque. Dans les années 90, les fédérations d’employeurs ont émergé et se sont constituées en faîtières. Les syndicats se sont organisés de leur côté. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, d’autant plus que certaines de nos structures étaient petites. On a parfois été affublés du quolibet caricatural « Vous, les patrons… ». Cependant, il faut essayer de mener un autre dialogue que celui de négociations basées sur les seuls rapports de force.
Quant à l’évolution du dialogue social, il sera ce qu’en feront les interlocuteurs sociaux, tant du côté syndical que patronal. Je suis persuadé que dans le respect des missions, des spécificités, des responsabilités de chacun, – et sans dire que tout le monde est dans tout, nous avons suffisamment de point de convergences et une culture commune – différente du secteur marchand, pour coconstruire les choses ensemble, pour que les actions de concertation ne tournent pas en confrontation.
Yannick de Briey, Responsable du secteur Insertion socio-professionnelle et Économie sociale, depuis septembre 2021. Diplômé d’un master en Gestion des Ressources humaines et ce, après avoir obtenu un baccalauréat en Psychologie et Sciences de l’Éducation. Il a débuté sa carrière à l’ACFI-FIAS et a ensuite travaillé à l’Interfédé CISP.
Y. de B. – Tout au long de ta carrière, tu as participé, de près ou de loin, à la création et au suivi actif d’une série d’initiatives à visée sociale, je pense par exemple au jobcoaching, à « Job’in », et bien d’autres que je ne connais pas. Si tu avais encore 20 ans de travail pour continuer dans ce sens, que voudrais-tu développer ?
D. T. – Une marque de fabrique constante de la fédération, c’est l’innovation. Notre leitmotiv, c’est de permettre le développement d’initiatives, de nouvelles filières, de repenser les mécanismes, pour faire en sorte de donner l’accès à un emploi durable et de qualité. Oui, le jobcoaching – l’accompagnement des travailleurs en entreprise en lien avec nos centres de formation, quand nous l’avons expérimenté dès les années 2000, était un concept novateur. Par la suite, il a donné naissance à des missions régionales cadrées par le politique… Notre capacité d’anticipation est vitale, plus que de répondre à des besoins immédiats. D’autant plus au regard de l’évolution rapide de notre environnement qui est difficile à maîtriser.
Le propre de l’associatif, c’est sa faculté d’initiatives ! Beaucoup de structures ont vu le jour par la force de mobilisation de personnes au service d’autres. Ensuite, elles ont négocié, obtenu une reconnaissance de l’autorité publique pour avoir le moyen de leurs actions… En effet, le projet Job’in – couveuse d’entreprises, lancé fin des années 90 en Wallonie, est une expérience intéressante, qui représente près de 2.500 entreprises et 3.000 emplois créés avec un très bon taux de stabilité de l’activité des personnes accompagnées… Sur Bruxelles, dans un autre registre, je pense à l’asbl Proximité Santé…
En fait, l’arrivée du secteur de l’Insertion socio-professionnelle et de l’Économie sociale au sein d’UNESSA est une opportunité extraordinaire – j’ai envie de dire un formidable terrain de jeu – dans des domaines tels que l’horeca, l’écoconstruction, le nettoyage, l’aide aux personnes…, en termes de stages, d’emplois, de créations d’entreprises, d’appels d’offre… J’invite à ce qu’on développe encore plus les synergies possibles entre les différents secteurs d’UNESSA dans cette optique. Le défi aujourd’hui est de mieux se connaître, il faut que les parties en soient convaincues !
Waldo Raineri, Chargé de projets au sein du Service Innovation-Projets-Études depuis septembre, doublement diplômé d’un master en Sciences politiques et en Relations internationales, après avoir obtenu un baccalauréat en Information et Communication. Ses expériences professionnelles l’ont mené vers le monde associatif et le bénévolat au service de bénéficiaires et de publics plus démunis.
W. R. – Quels conseils donnerais-tu aux nouveaux arrivants comme moi au sein d’UNESSA ? Et d’autre part, quelle est, selon toi, l’essence du Service Innovation-Projets-Études ?
D. T. – Je dirais aux nouveaux : vous êtes des acteurs, soyez vous-mêmes ! Interrogez-vous sur votre mission au sein d’UNESSA ! Qu’est-ce qui vous touche, qu’est-ce qui fait sens chez vous en termes d’engagement ? Qu’avez-vous envie de faire de la fédération ? Ok, on peut avoir une vie à côté d’UNESSA (rires), mais ils doivent avoir un but, un projet individuel et collectif… Et là, me semble-t-il, il y a l’espace pour le réaliser !
Quant au Service Innovation, Projets et Études… La première attitude, c’est l’observation de l’environnement. Si on écoute les opérateurs, on peut parvenir à capter ce qu’ils veulent imprimer, ce qu’ils souhaitent changer. Ensuite il faut laisser résonner cette question, voir en quoi ça nous parle. Enfin, développer sa capacité d’anticiper les choses, voir comment collectivement faire bouger les lignes et aider les opérateurs à concrétiser les améliorations.
Dans notre société, on peut déplorer la fragilisation d’un nombre croissant de personnes, ainsi qu’une certaine précarisation de l’emploi, en termes de santé ou de bien-être social… On ne peut accepter cela, il faut trouver avec les personnes concernées des réponses pour construire une espérance, un futur commun parce que faisant aussi partie intégrante de nos vies à tous…
Enfin, pour avoir observé comment les choses se mettent en place depuis le rapprochement avec l’ACFI-FIAS et la FISSAAJ, je ne peux que me réjouir. J’espère que nos affiliés se rendent compte de la qualité et de la chance qu’ils ont de pouvoir bénéficier d’aussi belles personnes que j’ai pu rencontrer au niveau de tous les collaborateurs et collaboratrices d’UNESSA !
MERCI à toi Daniel !