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Visibiliser la question collective que les handicaps adressent à la société dans son ensemble
La crise COVID-19 et ses différentes implications n’ont pas épargné les personnes en situation de handicap, qu’elles soient à domicile ou dans un lieu de vie collectif, elles ont aussi été en première ligne. Les affiliés du secteur Personnes en situation de handicap d’UNESSA ont eu à cœur de maintenir un niveau de service et un accompagnement qui place la personne au centre.
En filigrane de la gestion de la crise sanitaire, une démarche exploratoire s’est aussi initiée au niveau de l’AViQ pour nourrir une réflexion et proposer des pistes en matière de « désinstitutionalisation ». Cette notion ne signifie pas la fermeture inconditionnelle de toute structure collective mais renvoie plutôt à l’évolution du modèle actuel, à la transformation des structures existantes, afin de garantir le respect des droits des personnes en situation de handicap (égalité, autonomie, inclusion, participation…).
Récents travaux menés au sein de l’AViQ
A l’invitation de l’Union européenne et du cabinet de Madame Christie Morreale, ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes, l’administration a en effet travaillé sur une stratégie wallonne pour des parcours de vie intégrés des personnes en perte d’autonomie. UNESSA a pris part à ces travaux. Il s’agissait notamment de définir la notion de désinstitutionalisation et les critères y relatifs, de dresser un état des lieux qualitatif et quantitatif de ce qui est initié au niveau des structures en termes de désinstitutionalisation ainsi que de la diversification de l’offre existante, et de formuler des recommandations dans ce domaine.
Tenant compte des discussions et interventions d’experts, il est rapidement apparu nécessaire de concevoir la désinstitutionalisation comme un processus impliquant la transition, l’adaptation et la transformation des lieux de vie et des offres de service existants dans l’objectif de garantir le libre choix des personnes et le respect de leurs droits fondamentaux.
Une quarantaine de recommandations ont pu ainsi être formulées dont huit ont été identifiées comme « principales ». Pour chacune de celles-ci, des voies d’actions ont été proposées et une estimation du coût est en cours de réalisation. L’ensemble de ces travaux fait l’objet d’un rapport consolidé qui sera transmis prochainement au cabinet et déposé ensuite au Gouvernement wallon. Il aura alors toutes les cartes en main pour mettre en œuvre complètement/partiellement l’ensemble des recommandations et initier cette stratégie wallonne.
Le colloque ALTER 2022
ALTER est une société savante avec une envergure internationale dont l’objet est de promouvoir la recherche en sciences sociales et humaines sur le handicap. A travers son colloque annuel, elle propose un panorama des investigations prégnantes et un lieu propice aux contacts et aux échanges, pour les chercheurs et tous ceux qui s’intéressent au handicap et aux questions qu’il soulève. Les 7 et 8 juillet 2022, l’Université Saint-Louis (Bruxelles) aura l’honneur d’accueillir en ses murs la Conférence ALTER 2022, dont le thème est : « Repenser l'institution et la désinstitutionalisation à partir du handicap ». Ce colloque, organisé par l’équipe du projet de recherche ARC AutonomiCap, aura pour objectifs de questionner l’histoire, les enjeux et les expériences de la désinstitutionalisation dans ses différentes formes, tout comme de tracer les contours possibles d’une société inclusive respectueuse de la liberté de choix des personnes en situation de handicap.
En passant, remarquons que cette problématique de l’institution versus désinstitutionalisation est tout aussi pertinente dans les champs de la santé mentale ou de la prise en charge des personnes âgées…
La réalité plurielle du handicap
Membre du comité organisateur de cet événement, Madame Isabelle Hachez, professeure de droit à l’Université Saint-Louis-Bruxelles et co-directrice du livre intitulé Les grands arrêts en matière de handicap (Larcier, 2020), l’affirme : « il n’est jamais assez de voix (privées, publiques, associatives, militantes, scientifiques...) pour sensibiliser – en espérant, ce faisant, ne pas stigmatiser – à la nécessité de chercher, malgré tout, même en période de crise, même dans un contexte d’urgence, à considérer les situations handicapantes dans toute leur diversité. Il en va de notre commune humanité et d’une expérience collective… ».
UNESSA suivra encore de près cette thématique dans les prochains mois et veillera à s’engager activement dans les différents lieux où des débats et des décisions se prendront dans ce cadre. De manière transversale et pour ses différents secteurs concernés.