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Les hôpitaux dans les cordes

Les premiers signes d’un ralentissement de la quatrième vague semblent se confirmer. Mais dans les hôpitaux, les services de soins intensifs restent sous tension. Sans parler du mouvement de ras-le-bol et de grogne de l’ensemble du personnel soignant, vis-à-vis de l’obligation vaccinale anti-Covid.  Dans le même temps, la dernière étude Maha de Belfius confirme ce que tout le secteur craignait : les avances octroyées par le gouvernement fédéral au titre de 2020 ont tout juste permis de maintenir les hôpitaux la tête hors de l’eau.

Un peu comme l’an dernier, on aurait envie de glisser 2021 sous le tapis pour se tourner vers 2022 et espérer des jours meilleurs. D’autant que cette fin d’année est, une nouvelle fois, loin d’être un long fleuve tranquille pour nos hôpitaux.
Sur le front de la pandémie de Covid-19, la quatrième vague semble perdre en intensité, laissant le personnel soignant espérer un petit allègement de ses conditions de travail. Dans les hôpitaux, et en particulier les services de soins intensifs, la pression ne se réduira que très lentement, avec un effet retard sur le repli des contaminations. Mobilisé depuis plus de 20 mois, souvent en effectifs réduits, pour combattre la pandémie, nos soignants ont besoin de souffler. Ils sont aussi amers et désabusés alors que leurs conditions de travail ne se sont que détériorées depuis le début de la crise sanitaire. Ils attendent des améliorations tangibles de celles-ci. Un état de fait dénoncé tant par leurs représentants que les directions des hôpitaux et les fédérations du secteur.

Timing idéal?
La législation sur leur obligation vaccinale et, en particulier, les sanctions prévues en cas de non-respect de celle-ci a fait réagir. Déposés sur la table au plus fort de la quatrième vague, les textes de l’avant-projet de loi ont été ressentis par une partie du personnel soignant comme un camouflet.
UNESSA a d’ailleurs reçu des représentants syndicaux fin novembre pour maintenir un dialogue ouvert et sans tabou sur la question. Au cours de cette rencontre, la fédération a tout d’abord rappelé que tout en soutenant le principe de la vaccination obligatoire, elle souhaitait devoir recourir le moins possible à des sanctions.

Convaincre et encore convaincre
Aussi, UNESSA a proposé de profiter des quelques mois d’ici au premier avril prochain, pour travailler ensemble à convaincre les soignants ne souhaitant pas se faire vacciner. La fédération a d’ailleurs déjà pris une initiative en ce sens en organisant ce 16 décembre un webinaire sur la vaccination animé par le Professeur Jean-Michel Dogné de l’UNamur, à l’attention de ses affiliés et de leurs personnels.

Dépistages payés
Pour la période transitoire, la fédération a également suggéré aux représentants syndicaux de plaider ensemble la prise en charge financière par les autorités, des tests de dépistage proposé aux soignants non vaccinés pour éviter de potentielles absences pour des raisons avant tout économiques.
Les représentants syndicaux présents ont accueilli favorablement ces propositions, ils devaient rapidement les relayer auprès de leurs instances.

Equation financière
Maintenir l’équilibre entre bien-être des patients, l’engorgement des services de soins intensifs et des urgences par suite de la pandémie, l’épuisement et le manque de personnel soignant est la priorité de tous les responsables du secteur. Mais pour y arriver, la sécurité financière des hôpitaux est une condition sine qua non.
Or, cette fin 2021 n’a pu que confirmer ce dont tout le monde se doutait. La pandémie de Covid-19 a virtuellement plongé la majeure partie de nos hôpitaux dans le rouge. Virtuellement, car les avances financières, principalement fédérales, leur ont tout juste permis de se maintenir à flot.

Avances à régulariser
Comme leur nom l’indique, ces avances devront faire l’objet d’une régularisation, avec des remboursements à la clé. Les hôpitaux naviguent donc financièrement partiellement à vue ne sachant pas ou trop peu ce qu’il leur sera réclamé à terme. Pour clôturer leur exercice 2020, les hôpitaux ont dû évaluer au mieux ce qui leur serait demandé de rembourser.  Or, ce n’est qu’en 2023 (!) qu’une ligne définitive pourra être tirée sous ces comptes. Il est indispensable que ces mesures de soutien (AR IFFE 30/10/2020) soient prolongées et maintenues tant que l’activité des hôpitaux sera affectée dans le cadre de l’activation des plans d’urgence (réservation de lits pour les patients Covid-19, report de l’activité planifiée non-urgente…).

Contexte inflationniste
En outre, la conjoncture macroéconomique est clairement en défaveur de nos institutions. L’inflation “galopante” de ces derniers mois, l’augmentation des prix dans le secteur de la construction ainsi que de l’énergie grèvent profondément la rentabilité de nos hôpitaux.
On le voit, les hôpitaux ont encaissé plus que de raison au cours de ces derniers mois et en particulier, en cette fin d’année. Ils ne sont pas encore en situation de KO debout, mais ils sont dans les cordes.
2022 devra donc être synonyme de changement de paradigme pour eux. UNESSA demande aux autorités, principalement fédérales, de lever le plus rapidement possible les incertitudes quant à la prise en charge financière des surcoûts enregistrés par nos hôpitaux. La fédération rappelle aussi qu’il est indispensable que nos hôpitaux retrouvent, pendant plusieurs années, de la stabilité budgétaire pour s’engager sereinement dans le processus de réforme du paysage hospitalier. Unessa souhaite, enfin, être étroitement associé au processus de réforme du financement des hôpitaux tel qu’annoncé par le ministre Frank Vandenbroucke. Mais la fédération prévient : cette réforme devra être suffisamment financée pour livrer des résultats concrets pour nos patients et les équipes qui les prennent en charge.  

 
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