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Marchandisation du secteur de la petite enfance en Belgique : mythe ou réalité ?

Après avoir dénoncé les dérives au sein du groupe de maisons de repos français ORPEA dans son livre « Les Fossoyeurs », Victor Castanet s’attaque aux crèches « commerciales » dans son nouvel ouvrage : « Les Ogres ». Il y révèle les pratiques du groupe français People&Baby. Et en Belgique, quid ?

Après avoir touché la France en plein cœur, le scandale ORPEA a éclaboussé la Belgique. Il a mis à mal l’image de la globalité des maisons de repos, malgré le travail exceptionnel fourni par la majorité des professionnels de terrain. UNESSA a d’ailleurs mis sur pied une campagne de communication pour mettre en évidence la qualité de l’accompagnement des ainés au sein des maisons de repos associatives.

Dérapages français, impacts belges ?
Le système français d’accueil de la petite enfance ne ressemble pas au nôtre. Mais, à l’instar de ce que nous avons vécu au sein des maisons de repos, le rapport de Victor Castanet, certe nécessaire, pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’image de l’ensemble du secteur et sur le personnel œuvrant chaque jour à un accueil de qualité pour les enfants et leurs parents.

Dans son livre, Victor Castanet dénonce le fait que certaines mairies se sont associées à des groupes commerciaux sur la foi de promesses de qualité de prestations, mais pour des budgets tout à fait insuffisants. Sans surprise, serait-on tenté d’écrire, c’est cette même qualité qui en a pris un coup : des économies ont été réalisées sur les repas, sur les changes mais surtout, en réductions de personnel, aboutissant à des cas avérés de maltraitance.

Possible en Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) ?
Non, mais il faut rester vigilant.
Ainsi, la France utilise un financement forfaitaire accompagné d’un contrôle a posteriori. En FWB, pour accueillir des enfants, collectivement, individuellement, avec ou sans subvention, il est obligatoire d’obtenir un agrément et de respecter des conditions strictes en matière de statut (ASBL), d’infrastructure, d’hygiène, de sécurité, de taux d’encadrement, de formations requises…

A côté de ces conditions de base, d’autres se sont graduellement mises en place, telles que l’obligation de disposer d’un projet d’accueil réfléchi en équipe et régulièrement évalué. Les recherches autour de l’enfance démontrent d’ailleurs la nécessité d’associer éducation et soins pour le développement de nos bout’choux. C’est l’Educare.

Le risque de dérapage mercantile apparait néanmoins avec la crise des places en crèche. Il y a pénurie. Dès lors, la tentation est grande pour certains de soumettre les crèches à la loi du marché, en les réduisant à de simples prestataires de services. Toutefois NeoKids, une société franco-luxembourgeoise commerciale, agréée mais non subventionnée, a vite échoué en raison des nombreuses contraintes imposées au secteur. Cet exemple illustre la différence majeure entre les formats français et belge dans l’accueil de la petite enfance. Mais, cet échec a entrainé une perte de 400 places…

Par contre, des collaborations "public/privé" ont vu le jour. C’est notamment le cas au sein de structures non marchandes comme les hôpitaux. Pour UNESSA, cette approche est porteuse, pour autant que les balises instaurées par l’ONE soient respectées.

Rappelons néanmoins que - malgré certaines avancées et une qualité d’accueil soutenue en Communauté française - les investissements publics sont encore insuffisants et les milieux d’accueil, dans leur ensemble, se trouvent en grande difficulté financière. Elles touchent tous les milieux d’accueil, entrainant des fermetures, surtout dans le non-subventionné. Un rabotage des aides par le politique entrainerait la chute de tout le secteur.

Nous défendons une vision non marchande de l’accueil de la petite enfance. Les parents n’achètent pas une place en crèche. Les structures leur offrent un service réfléchi les plaçant, eux et leur enfant, au cœur de leur pratique et rejetant toute logique de profit poussé à l’extrême.

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