L’accueil de nos aînés en danger

29/09/2022 - Crise énergétique, manque de personnel, inflation des prix… mettent le secteur sous pression. Des solutions urgentes sont nécessaires pour continuer d’assurer le bien-être de nos aînés avec toute la qualité voulue.


Ce premier octobre, c‘est la journée internationale des personnes âgées. Une journée dédiée aux droits fondamentaux de nos aînés : autodétermination, participation, épanouissement personnel, respect et dignité… Des principes de base, élémentaires partagés avec l’ensemble des affiliés du secteur Aînés d’UNESSA. Mais la crise actuelle les menace. Et c’est aussi le cas dans les structures qui les accueillent et les hébergent note la fédération. Crise énergétique, manque de personnel, inflation des prix… mettent le secteur sous pression. Des solutions urgentes sont nécessaires pour continuer d’assurer le bien-être de nos aînés avec toute la qualité voulue. Or dans l’état actuel des choses, certaines structures se sentent clairement en danger.

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Ce premier octobre serait l’occasion idéale de mettre en évidence les projets positifs qui se développent tous les jours pour améliorer le quotidien de nos aînés au sein des structures qui les accueillent et les hébergent ; ils sont nombreux ! Pourtant, la crise que nous vivons force malheureusement UNESSA à braquer les projecteurs sur la situation critique de ses affiliés du secteur Aînés. 
 
La crise Covid a duré deux ans. Deux années éprouvantes pour les résidents des établissements qui les accueillent : maisons de repos, centres de jour, résidences services… et leurs équipes d’encadrement. Deux années qui ont toutefois vu le secteur être reconnu comme essentiel. Pourtant quelques mois plus tard, face à la nouvelle crise globale que nous traversons, UNESSA se demande si ce statut « essentiel » avait vocation d’être pérenne ou s’il n’était que de circonstance.
 
Augmentations sans précédents
Les constats sont là. Outre les prix de l’énergie qui s’envolent (multipliés par cinq dans certaines maisons, un affilié d’UNESSA s’attend à un surcoût de 930.000 EUR en 2022 !), ce sont toutes les factures qui atteignent des sommets jamais vus. Ainsi, chez un des affiliés du secteur : alimentation + 13%, sacs poubelles +53%, travaux de remise aux normes +21%, nouveaux projets de construction +75%... 
 
A ces difficultés financières vient se greffer la problématique de l’emploi, plus structurelle. Il manque d’infirmiers et d’infirmières, d’aides-soignants mais également de logopèdes, d’ergothérapeutes… Certaines institutions ne trouvent plus de personnel qualifié et se retrouvent en deçà du cadre qualitatif qu’elles se sont fixées. Ainsi chez un autre affilié d’UNESSA regroupant sept institutions, il manque 18,6 équivalents temps plein infirmiers, soit un peu plus de 18% du cadre!
 
Peu de moyens de réaction
Pour faire face à leurs problèmes financiers, les établissements pour aînés disposent de très peu de moyens d’action. Ils n’ont pas la maîtrise totale des prix facturés à leurs résidents. Ceux-ci font l’objet de réglementations rigoureuses empêchant toute adaptation réactive, à la mesure des augmentations actuelles de leurs charges. Et si des hausses du prix de journée payé par les résidents semblent inévitables dans le contexte actuel, c’est en sachant que cela risquera, tôt ou tard, de restreindre l’accessibilité des établissements aux plus vulnérables. Est-ce dans cette direction que nous souhaitons aller ?
 
En outre, impossible pour ces structures de fermer une partie de leurs chambres, comme d’aucuns ferment une ligne de production ou de limiter le temps de travail de leurs équipes, comme d’autres recourent au chômage temporaire. De telles mesures sont incompatibles avec la vocation même d’un établissement pour aînés. Ce n’est donc pas une option.
 
Sans oublier qu’une part importante des budgets de fonctionnement du secteur dépendent de financements publics. Or, ceux-ci ne sont indexés qu’à des moments déterminés au cours d’un exercice. Ce système, fonctionnel en temps normal, ne tient plus la route dans la conjoncture actuelle.
 
Quant à la pénurie de certains profils, la réponse ne se situe pas qu’au niveau des moyens financiers. La problématique est complexe, interroge la place des aînés dans notre société, notre rapport au vieillissement et à l’image qu’il renvoie. Cette question, pressante elle aussi, nécessite une réponse sociétale.
 
Dans le même temps, toutes les structures d’accueil et d’hébergement pour aînés sont réglementairement obligées de respecter différentes normes : d’encadrement, de températures minimales dans les locaux…  Avec l’ensemble des contraintes auxquelles ils sont confrontés et des trésoreries qui fondent comme neige au soleil, certains affiliés d’UNESSA se sentent menacés et pourraient ne plus être en mesure, à court terme, de remplir leurs missions avec les niveaux de qualité voulus.
 
UNESSA, et le secteur dans son ensemble, interpelle sans relâche les autorités concernées dans leurs différentes compétences, pour proposer des pistes de solution et participer à leur mise en place. Force est de constater qu’entre les mesures de soutien actuelles, difficilement applicables au secteur non marchand, et le manque d’actions concrètes en faveur des structures d’accueil et d’hébergement pour aînés, l’inquiétude grandit.
 
L’humanité reste
Malgré ce tableau sombre, les équipes de terrain ont continué jusqu’ici à entourer nos aînés, à leur prodiguer soins, attention et chaleur humaine. Malgré des conditions difficiles et incertaines, elles ont poursuivi leurs missions, avec toute la qualité et l’humanité requises. A l’occasion de cette journée des personnes âgées, UNESSA salue leur action. La fédération réitère également ses appels aux autorités compétentes. C’est maintenant que des solutions adéquates et pertinentes sont nécessaires. Nos structures pour aînés sont en danger.
 


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