Le Fonds Blouses blanches : excellente nouvelle, oui mais…

25/10/2019 - UNESSA se réjouit de l'approbation de l'amendement «Fonds Blouses blanches» à la Chambre. La fédération appelle toutefois à ne pas pécher par excès de triomphalisme.


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La Chambre a adopté hier un amendement du PTB prévoyant la création d’un « Fonds Blouses blanches » destiné à l’embauche supplémentaire de personnel infirmier dans les hôpitaux. Doté de 66,7 millions EUR pour les deux derniers mois de 2019, ce qui représente 402 millions EUR sur base annuelle, il devrait théoriquement permettre de réduire le manque d’encadrement des patients belges et le rapprocher de la moyenne européenne. Pour rappel, au niveau européen on compte un.e infirmier.ère pour 8 patients. En Belgique, on compte actuellement un.e infirmier.ère pour 11 patients.
 
UNESSA se réjouit de cette nouvelle. Par le passé, la fédération des soins de santé et de l’aide aux personnes a dénoncé de nombreuses fois la situation et plaidé pour des moyens supplémentaires afin d’y remédier. En augmentant le cadre infirmier au chevet des patients, la qualité de leurs soins et de leur accompagnement ne peut que s’améliorer : plusieurs études internationales ont démontré un lien direct entre le nombre de soignants au chevet du patient, la qualité des soins prodigués et la réduction de la morbidité.
 
UNESSA souhaite toutefois appeler à la prudence et se garde de tout triomphalisme.
 
Même si le vote des douzièmes provisoires pour novembre et décembre, incluant les premiers effets de cet amendement, est probable, UNESSA rappelle que cette étape reste malgré tout encore à franchir.
 
Par ailleurs, l’amendement voté à la Chambre ne précise en rien la manière dont ce fonds sera financé. A l’heure où un déficit structurel belge de 10 milliards d’EUR (à politique inchangée) est anticipé en 2020 par la ministre du Budget Sophie Wilmès (contre 7 milliards prévus en 2019), comment financera-t-on ce nouveau fonds ? 402 millions ne se trouvent pas sous les sabots d’un cheval ! Or gérer, c’est prévoir… Par ailleurs, nous n’avons actuellement aucune information quant à la manière dont ces moyens supplémentaires seront octroyés aux établissements.

Attention également à l’effet d’« appel d’air » de profils infirmiers vers les hôpitaux, au détriment d’autres secteurs. Des infirmiers.ères travaillent dans les soins à domicile, dans les MR/S, dans des structures d’accueil en psychiatrie, dans certaines structures d’hébergement pour personnes handicapées… En outre, avec le rallongement d’un an des formations en soins infirmiers, il y aura moins de jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. UNESSA ne souhaite pas que les autres secteurs employant des infirmiers.ères pâtissent d’un accroissement des engagements en milieux hospitaliers. Cela ne ferait qu’aggraver un peu plus le problème de charges de travail du personnel infirmier dans ces autres secteurs. UNESSA appelle donc à une vigilance accrue à ce niveau. Une piste de solution est peut-être à trouver dans une réflexion d’envergure sur l’articulation de l’ensemble des profils de fonctions impliqués dans les soins de santé pour permettre aux infirmiers.ères de se (re)concentrer sur leur cœur de métier. Une autre piste à explorer se situe sans doute dans l’amélioration de l’attractivité du métier d’infirmier.ère.
 
Tout en marquant sa satisfaction, UNESSA ne manquera toutefois pas de rester extrêmement vigilante quant à la mise en œuvre de ce « Fonds Blouses blanches ».

Pour plus d'informations:
Jean-François Bodarwé – Responsable communication et relations presse – 0476/403277

Crédit photo : www.stockvault.net
 


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